Notre projet « 1 000 jours pour la santé », conscient de l’importance du bien-être des parents pendant la grossesse et ensuite avec le nouveau-né, s’est tout de suite inquiété du stress engendré par la pandémie et le confinement. Cette page actualités se voulait informative et rassurante afin de les aider.
Aujourd’hui les professionnels de périnatalité pensent aussi qu’il faut entourer et rassurer les (futurs) parents. En effet la grossesse et la naissance d’un enfant peuvent parfois être source d’anxiété ou de stress qui peuvent être majorés par la COVID et la distanciation sociale.
Ne pas négliger, la « baisse de moral », d’énergie de la maman,
Attention à ne pas passer à côté de la dépression du post-partum !
Comment cette période augmente le risque de déprimer ?
L’incertitude
Le virus et la maladie n’étaient absolument pas connus. Il a fallu attendre les premières études, les connaissances acquises par l’expérience pour pouvoir donner des informations sûres, qui ont évolué au cours du temps.
Cette incertitude peut engendrer pour certains parents de l’anxiété, ne sachant comment le suivi de grossesse, l’accouchement et les suites allaient se dérouler et si cette maladie pouvait être grave pour la maman ou le nouveau-né.
La peur
Pour les parents, celle de se contaminer, de contaminer le futur bébé sans savoir si cela pouvait avoir des conséquences. Cette peur a parfois empêché le suivi de la grossesse, dans les maternités les mamans sont souvent arrivées plus tardivement pour la naissance.
L’isolement
Avec la pandémie et le confinement de nouvelles pratiques autour de la naissance ont été mises en place. La sortie précoce de la maternité s’est généralisée, laissant les parents parfois démunis, d’autant que la famille proche ne pouvait venir aider ou rendre visite.
Or lorsqu’une femme accouche on sait que ce que l’on appelle l’étayage familial et social est important. Autour de l’arrivée de ce bébé, la famille et les amis sont des relais dans lesquels la maman trouve du soutien. On sait que l’isolement est un facteur de risque de dépression du post-partum.
Voilà pourquoi il était si important pour les futures mamans d’être épaulées et sécurisées par la présence à leurs côtés de l’autre parent ou d’une personne connue. Ce qui n’a pas toujours été le cas.
Tous ces éléments sont venus amener de l’angoisse dans une période déjà si importante d’un point de vue psychologique et émotionnelle pour les 2 parents.
Or, on sait qu’en temps habituel environ 10% des mamans souffrent de dépression post-natale. Souvent mal identifiée ou minimisée par l’entourage, voir la femme elle-même, il est important de la diagnostiquer et de la prendre en charge le plus tôt possible.
Comment reconnaître une dépression du post-partum ?
La difficulté à bien identifier cette maladie vient d’un passage à vide que connaissent pratiquement toutes les accouchées, « le baby blues ».
Vers le 3ème jour qui suit la naissance, la maman peut être triste, pleurer pour un rien, s’inquiéter pour des petits événements sans gravité. Il s’agit d’une réaction physiologique à une chute brutale des hormones présentes pendant la grossesse, accentuée parfois par un manque de sommeil.
Cet épisode est passager, il peut durer de 1 jour à 2 semaines au plus. Sans intervention les signes de tristesse ou d’angoisse disparaissent.
Lorsque les signes durent, que la maman se sent malheureuse ou dépassée, il s’agit d’une dépression du post-partum.
Les symptômes
- Il peut s’agir d’une maman avec une grande tristesse sans raison apparente, qui pleure souvent ou change d’humeur en étant facilement irritable ou en colère. Cet épisode durant au-delà d’un mois après la naissance.
- Elle peut être très fatiguée et présenter des troubles du sommeil avec soit des insomnies ou au contraire un besoin de dormir tout le temps.
- Son appétit peut être aussi modifié, parfois avec une perte d’appétit ou à l’inverse une envie permanente de manger.
- D’un point de vue physique, certains signes comme des maux de tête ou des courbatures peuvent apparaître, l’empêchant d’être « efficace », de s’occuper de la maison, d’elle et du bébé.
- Très vite va naître le sentiment de ne pas être à la hauteur, une sensation d’infériorité, de culpabilité, impression d’être une mauvaise mère, de ne pas savoir s’occuper de son bébé.
- Elle ressent des inquiétudes déraisonnables, des crises de panique ou d’angoisse, surtout concernant le bien-être du bébé.
- Si elle n’est pas aidée, cela peut aller jusqu’à un manque d’intérêt par rapport au bébé ou la peur de le blesser. Cette situation s’accompagne souvent de désespoir par rapport à tous ces sentiments avec l’impression que les choses ne s’amélioreront jamais.
Cet état ne peut durer, tout d’abord pour la maman mais aussi pour le bébé. Une maman dans cette maladie peut avoir des difficultés à tisser des lien avec son enfant. Un bébé, pour grandir sur le plan psychologique, a besoin d’interactions. Les interactions c’est la communication, le contact physique, l’ambiance qui règne autour de lui, et l’état de sa maman.
Il est important de faire le diagnostic le plus précocement possible de cette dépression afin que l’épisode ne se prolonge pas et que les interactions précoces s’effectuent dans les meilleures conditions.
Le diagnostic
Lorsqu’une maman se sent triste et éprouve des difficultés à accomplir ses activités quotidiennes pendant plus de 2 semaines après l’accouchement, elle doit consulter un médecin. Parfois ce sont les membres de la famille ou les amis qui doivent lui en parler et l’encourager à consulter.
Lors de la visite médicale, on peut demander à la maman de remplir un questionnaire conçu pour identifier la dépression. Le médecin peut également faire procéder à des analyses de sang afin de déterminer si un autre trouble, tel qu’une maladie thyroïdienne, pourrait être à l’origine des symptômes.
Un diagnostic et un traitement précoces de la dépression du post-partum sont primordiaux pour les mères et leurs enfants.
C’est pour cela qu’il est très important d’en parler avec toutes les femmes enceintes durant la grossesse. Le fait d’être informées peut leur permettre de demander de l’aide bien plus vite. Il ne s’agit pas de stresser mais de dire que cela peut arriver !
Le traitement
- La dépression nécessite un traitement médical spécialisé. Il est recommandé d’associer des antidépresseurs, des anxiolytiques à une psychothérapie. Parfois traiter aussi les troubles du sommeil afin que la maman récupère.
Si la maman allaite au sein, il faut le signaler au médecin. Pour beaucoup de ces médicaments (SERTRALINE, PAROXETINE), l’allaitement reste autorisé.
- La parole aide beaucoup, toutes les mamans ayant traversé cette épreuve le disent. Des groupes de mamans permettent d’ailleurs d’apporter une aide bienveillante sans jugement (Association « Maman blues » site = https://www.maman-blues.fr/).
- Il est essentiel d’accompagner la maman pour soutenir la relation mère-enfant en préservant les liens établis avec son bébé.
- Parfois, on peut proposer une aide logistique pour les tâches domestiques avec l’intervention d’un Technicien de l’intervention sociale et familiale (TISF).
- Il est primordial que la femme reprenne confiance en elle et s’occupe d’elle aussi. Faire du sport, de la photothérapie, des massages, avoir une bonne alimentation riche en acides gras (oméga 3) peuvent également être utiles.
- Le bébé sera, lui aussi, au cœur des attentions afin qu’il aille bien. Cela permet de lever un stress et d’aider sa maman.
- Il sera important aussi pour la maman d’avoir le soutien de sa famille et de ses amis. Cependant il faudra parfois aussi aider le papa fragilisé par la souffrance de sa partenaire. La dépression post-natale paternelle n’est pas rare, en lien ou non avec celle de la mère. Elle n’est pas sans conséquence sur le développement psychoaffectif de l’enfant, un dépistage chez le papa est donc aussi conseillé.
Comment prévenir cette dépression ?
La prévention doit se faire bien avant la naissance. Le suivi de grossesse doit permettre à chaque couple d’être informés et soutenus. Il est primordial d’établir une relation de confiance permettant à la future maman de confier facilement ses difficultés sans se sentir jugée.
Repérer les facteurs de risque dans l’histoire de la patiente et de sa famille.
L’ouverture du dossier de suivi de grossesse peut être l’occasion de repérer certains critères :
- Des ATCD de dépression, dans la famille, pour la patiente ou une dépression du post-partum lors d’une précédente naissance.
- Une dépression avant la survenue de cette grossesse.
- Une situation familiale difficile durant la grossesse, chômage, difficultés financières, problèmes conjugaux, déménagement, famille éloignée, maman isolée, manque de soutien…
- Des problèmes liés au déroulement de la grossesse, survenue d’anomalie pour le bébé ou la maman, hospitalisation, angoisse pour la santé du bébé…
- Une difficulté liée au désir de cette grossesse.
Dès que les facteurs de risque sont identifiés, il faut être vigilant au moral de la future maman. De leur côté, les parents ne doivent pas hésiter à demander de l’aide, si des angoisses apparaissent pendant la grossesse.
Informer et donner des conseils
L’entretien prénatal précoce peut être le moment idéal pour parler des difficultés rencontrées par le couple. La sage-femme doit proposer une aide ciblée parfois avec d’autres professionnels permettant de solutionner la situation et d’apaiser l’angoisse ou le stress.
- Conseiller à la patiente de poser toutes ses questions lors des visites, d’exprimer aussi ses difficultés.
- Expliquer que la grossesse est une période intense en émotions et d’un point de vue psychologique. Il est normal de se poser des questions, parfois d’être inquiète.
- Informer que parfois (10%), une dépression postnatale peut survenir que l’on sait prendre en charge et qu’il est important de consulter lorsque l’on rencontre un tel épisode.
- Lorsque l’on a repérer des facteurs de risque inciter la maman à se ménager, à signaler tout symptôme dépressif, trouble de l’humeur, de l’appétit, du sommeil, tristesse… et demander de l’aide
- Lui rappeler que durant la grossesse, elle peut être soutenue par des professionnels et par son entourage lorsque c’est possible.
- Inciter à pratiquer une activité physique durant la grossesse. De nombreuses études ont montré que l’activité physique pratiquée pendant la grossesse permettait de diminuer la survenue d’une dépression postnatale.
Préparer et accompagner le retour à la maison après la naissance.
- Même si le séjour de 48 heures est court, l’information doit être faite auprès de tous les couples.
- Il est nécessaire aussi d’identifier les mamans les plus à risque, en s’appuyant sur toute l’histoire de la maman, de sa grossesse et de la naissance du bébé. Cela permet de faire des liaisons auprès de la sage-femme qui viendra à domicile suivre la maman et le bébé. Parfois, un soutien du secteur de PMI peut être envisagé en plus.
- Informer les parents que le bébé va pleurer, les réveiller et qu’il faut essayer de se reposer dès que possible, qu’il ne faut pas culpabiliser s’ils ne parviennent pas à tout maitriser.